C'est en trottant que Lassalle rejoignit sa future place forte, la Bastille, tout un symbole, la prison royal par excellence, une place prestigieuse dont il allait devoir se montrer le plus inflexible des gardiens, une tâche qui était dans ses cordes, il avait déjà commandé plusieurs places fortes en Italie, et en Prusse, il connaissait son affaire...
Elle sera en outre le siège de sa police, une police qu'il avait à coeur de transformer en la plus redoutable des armes, il allait devoir recruter des hommes de confiance, si possible d'anciens braconneurs. Il allait devoir aussi mettre un solide réseau d'informateurs, il ne servait à rien d'avoir la meilleur d'arme, si celui qui l'utilise est aveugle.
Un travail colossal, mais il saurait vite le faire fructifier, en attendant, il allait devoir se montrer d'une honnêté irréprochable, et se rendre indispensable. Les mousquetaires avaient la Cour, lui il aurait Paris.
Il mit pied à terre devant l'un des posts de garde, immédiatement l'un des planton l'interpela:
" Holà maraud ! Passe ton chemin où tu subiras la rigueur de nos geôles..."
Lassalle ne répondit pas tout de suite, se contentant de faire sortir un pli de l'une de ses poches, et de le remettre au garde.
Le garde le déplia, et en le lisant, son visage changea de couleur, passant d'un rose triste, à un blanc maladif:
Il bredouilla:
" Veuillez excusez Monsieur, je ne pouvais pas...
- Et vous avez eut raison, tout d'autre accueil, je vous aurais fait pendre, on est dans une prison, pas dans un bordel ! Et maintenant veuillez m'introduire !"
Le ton avait été ferme, martial, mais juste.
Le garde s'impliqua, et se depecha d'obeir, Lassalle prit sa suite.