Louis se reveilla les petits yeux de fatigue, apres une nuit de fête. Le valet, fidel a son role, partit prévenir les courtisans que le petit lever commençait. Louis grommela en lui-même. Dire que c'était lui qui avait instauré ça.
On fit entrer les plus grands. Le duc de Beaufort, son cousin, le prince de Conde, et quelque autre qui avait l'immense privilege de faire parti des courtisans les plus remarqués. L'avantage, c'est que le Roy se réveillait sans trop de personne autour.
Avant qu'il puisse faire le moindre geste, avant que les rideaux du baldaquin ne soient ouverts aux "spectateurs", le medecin s'enquit de sa santé. Rien de tres grave a signaler.
Tant mieux, il allait enfin pouvoir se mettre debout. Mais il fallait encore une fois respecter le cérémonial... se tenir droit, fier, et surtout pas les cheuveux en bataille, la mine déconfite, on baille, on s'étire.... tous ces "privileges" étaient réservés aux hommes libres.
Enfin bon, c'était lui-même qui avait mis en place ce protocole. Il fallait qu'il arette de se plaindre. Se plaindre, même en pensées, n'est pas digne d'un Roy.
Le Roy debout, on l'habilla légèrement, qu'il soit présentable. Ensuite on le fit passer dans une autre piece, où l'attendait encore plus de courtisans. Des privilégiés quand même. Là, on l'habilla vraiment, lui posa sa perruque, le Roy s'assit et pris un léger bouillon, se gaussant en lui-même des mines impréssionées, limites adoratrices de certains courtisans, comme s'ils n'avaient jamais pris de petit déjeuner de leur vie.
D'un autre coté, il était heureux de faire souffrir d'autres hommes, qui devaient conspirer dans son dos, en les obligeant a rester debout. Ce jour, le Roy mis un temps fou a terminer son bouillon.
Une fois fini, il appela un de ses valets, le plus rapide.
-Allez porter un message a Mlle Héloïse de Neufchatel : dites-lui que je l'attends pour la messe. Prévenez aussi Mlle Iwelda de O'Ceannaigh qu'elle est invitée a ma promenade matinale.
Le valet allait partir, mais apres réflexion, Louis le retint encore un peu.
-Et allez vous en quérir de Mr de Saint-Aignan. Il était absent ce matin.
Louis se leva enfin pour sortir de ses appartments. On allait a la chapelle.
Quand il passa dans la gallerie, d'autres courtisans l'attendaient encore. Il courberent tous la tête, et Louis, sans esquisser le moindre sourire, en était ravi.
*courbez la tête pour cacher vos complots !*
Louis voulut accélérer afin d'aller tres vite a la chapelle, faire souffrir ses gens qui le suivaient. Mais il se souvint qu'il venait juste d'envoyer un valet prévenir Heloïse qu'il l'attendait pour la messe, aussi garda-t-il un pas modéré, ce qui n'était pas pour déplaire le monde.
"Le Roy est de bonne humeur ce matin !"
"Que voulez vous... la fête d'hier"
On entendait murmurer, et, dominant le cortege, Louis se pinçait les levres pour ne pas rire. De bonne humeur ? La fête d'hier ? S'il y avait bien une raison de ne pas être de bonne humeur c'était ce bal. Ah ces courtisans...