Fontainebleau.
Ma vie prend peu à peu un nouveau tournant. Et ce changement, je désire le commencer par l'écriture d'un journal.
Je pense que chacun à ses questions, ses problèmes et ses idées personnelles, à gerer avec plus ou moins de bon sens.
Or moi, l'esprit trop actif et la tête trop pleine, je ne sais plus comment mettre de l'ordre à l'intérieur.
C'est Juliette qui m'a mis sur la voie. Aurais-je cru un jour que ma plus pauvre servante deviendrait ma meilleure amie ?
Elle m'a tenu à peu près ce langage :
"Dame Emelyne, peut-être devriez-vous songer à coucher vos pensées sur du papier?"
Ses conseils étant souvent fondés, j'ai tendu l'oreille... Petit à petit, il m'est venu à l'esprit qu'elle n'avait pas tout à fait tort. L'espoir d'y voir clair dans mes sentiments un jour demeure, depuis l'instant où j'ai saisi ma plume...
Je ne suis point poêtesse, ni écrivain et encore moins jongleuse de mots, cependant, je sais écrire. N'est-ce pas là une raison suffisante que pour tenir un journal ?
Dés le premier jour au palais, j'ai déjà du baisser les bras devant père. Dieu qu'il peut être exaspérant celui-là !
Ne voyant pas l'utilité de me présenter à Colbert, il m'a tout simplement demandé d'aller jouer ailleurs ! S'il m'aimait, il ne me consignerait pas de sa présence comme si je n'étais rien qu'une vulgaire servante !
Je me suis sentie trahie, et inutile de préciser que cela m'a fortement vexée...
Je ne lui en tiendrais pourtant pas rigueur car ses raisons étaient valables. Il en va de ses droits, après tout, de visiter un "vieil ami" en tête à tête.
Je ne peux pourtant pas m'empêcher d'être sceptique et soupçonneuse : qu'avait-il donc à me cacher?
S'il n'y avait rien eu, c'est le coeur joyeux qu'il m'aurait invité à prendre le thé avec Colbert !
Je connais ma beauté et je connais sa fierté : père adore se faire complimenter à mon sujet. Il devait donc y avoir à dire des mots innadaptés aux oreilles d'une jeune fille.
Je me demande ce que père mijote, mais probablement je me fais des idées pour rien.
Je me vois obligée de cesser d'écrire car l'on frappe à ma porte.