parce que j'existe...Lettre à Béatrice, vue par la pointe de la plume
Ma douce et tendre,
En ce 11ème jour d'octobre 1659, j'ai froid, si froid que j'ai voulu t'écrire une lettre enflammée en espérant me revigorer l'esprit.
Ton image me hante, mon bras fébrile m'empêche de te faire de jolis pleins et déliés comme tu le mériterais mon amour. Ah! Que oui, il tremble ce bras! Il tremble sans que je puisse rien y faire...
Et s'il ne tenait cette plume au service de ta louange, sache qu'il empoignerait un long couteau, tranchant, édenté, aiguisé à souhait! Je le tuerai! Oh oui! Dis lui à ton mari, souffle le lui à l'oreille pendant son sommeil! Sois le mauvais augure, mon ange, laisse le espérer n'avoir fait qu'un vilain cauchemar... Laisse le se sentir moite et poisseux sans bien comprendre d'où lui vient ce mauvais pressentiment... tu pourras sourire, mon amour, sourire de le voir si mal tandis que tu auras la perspective d'être bientôt si bien...
Toutes les nuits qui le sépareront de ce jour fatidique comme un stressant compte à rebours, il pourra rêver de cette ombre mystérieuse et glaçante, cette ombre plus noire que la nuit, dissimulée sous un capuchon qui la rend plus sombre encore... une faux à la main elle s'approche, quand soudain! Son visage lui apparait : il déglutit et lâche dans un mumure le nom d'Adrien de Chastignac!
Nom qu'il n'aura que le temps de prononcer avant que je ne lui tranche la gorge... et c'est lorsqu'il tentera vainement de retenir le flot de sang giclant de toutes parts qu'il s'apercevra ne plus rêver depuis longtemps.
Et tu seras libre mon coeur! Libre!
Je t'emmènerai par la main comme je le ferai d'une soubrette, nous nous glisserons dans la nuit tels les assassins que nous sommes déjà, et puis nous fuirons! Loin! Nous galoperons jusqu'a la mer et nous nous envolerons vers la Lune si c'est ce que tu veux. Là haut, jamais personne ne viendra s'interposer entre nous...
Je t'aime tant. Je ferais des folies pour toi. Que dis-je ? J'ai déjà fait tant de folies... j'en suis venu à tuer pour un sourire de toi. Je ne regretterai pas, j'en suis sûr.
Ton soupirant le plus dévoué;
Adrien.
Lettre à Béatrice de Vigny, vue des yeux embués
Mon amour, mon seul amour, ma vie, mon souffle d'air...
Lorsque j'ai reçu ta lettre ce soir en réponse à la mienne, je me suis attendu à un parchemin si long qu'il roulerait à mes pieds. Comment en pouvait-il être autrement, apres avoir fait attendre ta réponse trois jours ?
Et? Que vois-je ? Un petit billet de cinq lignes... Je m'en contenterais si... si, ô mon amour, je n'avais appris ces derniers jours à lire entre les lignes!
Tu arrives si bien, toi, à faire des lettres bien finies! Ta main est donc si calme ?
Tu me dis que tu ne veux pas la Lune mais le Soleil! Tu me demandes de ne pas m'enflammer si vite! Oh mon ange! Je ne te satisfais donc pas ? Ne pourrais tu vivre dans l'anonymat avec moi ?
Tu ne veux pas que je te prennes par la main comme une soubrette! Tu veux que moi je respecte ton rang! Moi ?! Ton frère! Ton amant! Mais mon Amour, si tu m'aimes, je pourrais faire les courbettes jusque dans le lit avant de te faire mienne! Mais est-ce que tu m'aimes ?
Tu m'ordonnes d'abandonner mes projets d'assassinat... au nom de quoi ?! De mon avenir ? Je l'ai déjà gâché depuis longtemps...
De la sagesse ? L'amour ne peut être sage! Je pensais que tu le savais...
Tudieu que mon coeur se fend d'un coup d'un seul. Tes mots m'ont tué.
Ton soupirant toujours plus dévoué,
Adrien
Lettre à Béatrice de Vigny vue d'un coeur qui bat
Mon unique Amour,
15 Octobre 1659. Je t'aime je t'aime je t'aime.
Oui mon Ange j'étais fou de penser à tuer ton époux. Oui j'étais fou de penser que tu m'avais joué. Tu m'aimes: ta réponse rapide et amoureuse m'a rassuré.
Oui je ferais tout ce que tu voudras. Je suis jeune, inexpérimenté, toi tu connais tout. Tu pourras tout m'apprendre. Je t'écouterai comme un bon élève, j'obéirai comme ton esclave.
Tu m'as remarqué en compagnie du premier homme du Roy ? Le comte de Saint-Aignan, tu veux dire ?
Oui, il me semble qu'un lien d'amitié naissant et encore fragile nous unit. C'est un homme plein de qualité et qui m'aide à faire ma place à la Cour. Sans lui, jamais nous n'aurions pu nous retrouver. Je lui dois beaucoup.
Celui qui t'aime,
Adrien
Lettre à Béatrice de Vigny, vue d'un sourire naif
Mon Ange,
Deuxieme lettre en un soir! Je ne puis plus douter de la réciprocité de mes sentiments. Ton écriture fine et précipitée me semble dire que ton coeur bat fort et vite. Est-ce à cause de moi?
Je n'en peux plus, tu me manques bien trop, j'ai besoin de ta présence. Te savoir si proche et inaccessible est plus qu'une torture...
Tu voudrais que je te fasses rencontrer ce Saint-Aignan ? Tu voudrais le remercier de ce qu'il a fait pour nous ? Je reconnais bien là ta gentillesse mon Ange. Tu le verras, je te préciserais la date une fois que je lui en aurais soufflé mot.
Je t'aime je te voudrais dans mes bras à cette heure.
Ton aimé,
Adrien