Alienor de Goyave arrive à la cour

Le carosse qui amenait Alienor entra dans la cour. Alienor qui était accompagné de sa dame de compagnie la Baronne De Mongadin, regardait par la fenètre, elle était eblouie par la magnificence du Château, son chateau à elle était plutot austère.
Elle regardait les riches parterres de fleurs

- C'est tres beau Hortense, vous pensez que vous vous plairez ici ?

bien entendu, elle n'écouta pas la réponse ceci l'interressant guère et quand le carosse s'arreta enfin et que le valet de pied vint lui ouvrir la porte, Alienor laissa Hortense descendre, elle descendit à son tour et admira de nouveau la majesté des lieux.

Hortense dit alors :

-Nous sommes attendues par la Marquise de Valoinseau. Voici la Duchesse De Goyave De Charveyrnet et je suis sa dame de compagnie la Baronne de Mongadin

- très bien suivez-moi .

Il les introduit dans une grande galerie.

[Je viens te tenir compagnie ? Pour les soucis de chronologie, ne vous inquiétez pas, je retomberai sur mes pieds plus tard, lorsque j'aurai fini à Paris avec Desdemone...]

Ah ! Fontainebleau ! Enfin ! Revoir la grande allée gravillonnée menant au château, encore niché dans les brumes de la matinée, accentuait le sourire de Racine et son allure rêveuse. Quitter Desdemone avait été difficile, mais il l'avait chargée de réunir la Troupe et de commencer à répéter son texte. Après tout, il ne ferait que passer dans la demeure royale et ne s'y attarderait pas... D'ailleurs, le Tragédie ne pouvait pas attendre ! Cependant, il fallait lui ménager le meilleur des accueils, et qui parlait d'accueil signifiait qu'il fallait tenir au courant le second homme le plus influent des lieux : François de Saint-Aignan !

Dieu que le temps paraissait long depuis que le Dramaturge avait quitté son protecteur. Et quel départ ! Il avait été démoralisé, prêt à se laisser mourir comme un mendiant dans les sombres rues parisiennes... Mais la lumière était revenue sous les traits de Mademoiselle Ruben. La Muse de l'Ecrivain lui avait rendu son inspiration et lui avait également permis d'achever son Oeuvre !

C'est donc un jeune homme, comblé, conquérant, confiant, qui revint en ces lieux qu'il avait maudits quelques mois plus tôt. Il espérait seulement que Saint-Aignan n'ait pas misé sur un autre potentiel ! Que deviendrait Racine sans son bienfaiteur ?
De plus, malgré tout le bonheur de la composition et des dernières retrouvailles avec Desdemone, les conversations philosophiques et houleuses avec le Comte lui manquaient. Il pressa le pas et monta deux à deux les marches de l'entrée tandis que les portes n'avaient même pas eu le temps de se refermer après le récent passage d'une nouvelle arrivante.

L'homme de lettres observa un instant la démarche élégante de la Dame et de sa suite. Car il n'y avait aucun doute quand au rang élevé de l'une des femmes... L'autre ne devait être que son humble servante. Cependant, il était assez pressé... Il avait réellement envie de gagner l'étage afin de bousculer le page de Saint-Aignan et d'annoncer la fin de son travail ! Racine était sûr que François ne s'attendait pas à ce que ce soit si vite achevé !

Il essaya donc de passer devant le petit groupe, mais avec sa distraction naturelle, alors qu'il observait les moulures dorées de la galerie, il bouscula le valet qui portait moults bagages... Déjà dans un équilibre précaire, le précieux chargement s'effondra comme un soufflet trop longtemps oublié au four !
En un instant, mesurant qu'il était le déclencheur de cette "catastrophe", Racine se pétrifia et resta planté là, essayant de se fondre sur les boiseries des panneaux : Seulement, son costume était pourpre et les murs étaient bleus !

Racine demeurait de marbre alors que la Dame approchait. Cependant, le sourire qui s'affichait sur son visage indiquait qu'elle n'était pas vraiment fâchée, comme le confirma le ton de sa voix. Mais le Dramaturge ne put s'empêcher de rougir encore : Il était si maladroit ! Il lui vint à l'esprit, malgré la paralysie qui le gagnait, que la question demandait une réponse, et accessoirement des excuses... Il bafouilla :

- Je... Je... Suis vraiment désolé. Je ne regardais pas où j'allais et j'étais pressé et je ne voulais pas faire tomber vos bagages -j'espère n'avoir rien cassé- Veuillez m'excuser, Madame, alors que vous arrivez ce n'est vraiment pas l'accueil souhaité. Pourtant ce n'est pas dans mes habitudes voyez-vous...

Il interrompit seul ce flot de paroles qui augmentait son malaise. Il fallait qu'il se calme et rassemble son peu de dignité qui s'évaporait de plus en plus vite. Il fallait dire quelque chose de co-hé-rent ! Il attendit un instant et s'inclina, dans une révérence qui valait sûrement plus que le rang de la jeune femme, mais en fin de compte, elle méritait bien ça :

- Le rêveur qui se trouve devant vous, Madame, se nomme Jean Racine. Veuillez accepter mes plus humbles excuses. Je ferai tout ce qui est possible pour réparer ma maladresse, dusse-je porter vos bagages moi-même !

Il avait reprit sa contenance, son ton calme et posé. Le poète refaisait surface, le seul qui pouvait sauver cette situation quelque peu rocambolesque !

Racine laissa échapper un long soupir, il avait presque retenu sa respiration jusqu'alors ! Pas qu'il ne soit mécontent de se soustraire à la corvée des bagages, mais il était soulagé d'éviter les foudres de la Demoiselle... D'ailleurs cette dernière souriait toujours, montrant de jolies petites dents blanches parfaitement régulières.

Il hocha la tête lentement, suite à son salut, comme pour accentuer qu'il restait, malgré tout, son débiteur. A ce propos il ajouta :

- Fautes de mieux, puis-je simplement vous accompagner jusqu'à vos appartements ? Je me rends justement de ce côté...

Ce n'était pas tout à fait exact car il se rendait près des logements de Saint-Aignan. Donc cette ballade lui occasionnerait un détour. Pourtant, il ne se sentait pas le coeur de pousser encore plus l'impolitesse en s'en allant sans avoir fait un brin de conversation avec Alienor. Il s'avança alors dans la direction que suivait la petite troupe avant d'être interrompue. Il glissa quelques mots d'excuses au Valet en passant et l'aida tout de même à ramasser un des sacs.

Il vint se tenir aux côtés de la jeune femme, bien prêt à la suivre de toute façon... La question précédente n'étant que réthorique. Il reprit :

- Et donc Duchesse, quelle raison vous amène en ces lieux ? Vous avez un parent ? Une audience royale peut être ?

Ce n'était pas réellement indiscret, elle pouvait répondre ce qu'elle voulait ou choisir de dévier sur un autre sujet. Le Dramaturge souhaitait juste se rendre agréable et faire oublier son entrée fracassante.

Alienor regarda ce jeune homme, Jean Racine. Il était agréable, ça l'amusa de le voir s'affairer un peu quand il lui dit :

Citation :

- Fautes de mieux, puis-je simplement vous accompagner jusqu'à vos appartements ? Je me rends justement de ce côté...

Elle pensa que c'était surement faux, mais elle trouva galant de sa part qu'il changa ses projets pour l'accompagner;Elle ne fit alors aucunes remarques

- Je vais chez La Marquise de Valoinseau, la connaissez-vous ?

à ces questions :

Citation :

- Et donc Duchesse, quelle raison vous amène en ces lieux ? Vous avez un parent ? Une audience royale peut être ?

Elle repondit :

- Je m'ennuyais un peu dans mon château provincial, j'ai donc voulu connaitre les fastes de Fontainebleau, visiter ses bibliothèques, voir les pieces de thèatre, aller écouter des concerts de musique. Enfin connaitre les charmes de la Cour du Roi Louis XIV !

Et vous ? vous vivez ici ? demuis longtemps ?

Ils se mirent en marche, Racine et Alienor en tête suivis de la Dame de Compagnie et du Valet qui avançait avec peine à cause de son chargement...
Le Dramaturge ne connaissait pas la Marquise de Valoinseau, il n'en avait jamais entendu parler. Cependant, il ne fréquentait aucun cercle de courtisans et n'était pas assez familier avec Fontainebleau pour obtenir un nom sur chaque visage qu'il croisait ! Son univers se limitait, ici, à Saint-Aignan et aux endroits où le premier gentilhomme voulait bien l'emmener !

Ils étaient à l'étage à présent et évoluaient dans les couloirs guidant aux divers appartements.

Citation :

Et vous ? vous vivez ici ? depuis longtemps ?

Il répondit immédiatement :

- Moi ? Vivre ici ? Oh non ! Que Dieu m'en garde !!

Il avait dit cela si vivement, que l'Auteur eut peur d'avoir effrayé la jeune femme... Après tout elle venait d'arriver et se croyait dans le plus beau décor qui puisse être ! Il ajouta donc :

- Enfin disons que j'ai libre entrée au château mais je n'y réside pas... Je préfère, être à l'écart voyez-vous ?

Non, elle ne voyait certainement pas. Comment penser qu'on pouvait refuser de vivre dans le faste de la Cour avec tous les avantages que cette situation offrait ? Enfin, des avantages en apparence... Une étiquette trop pesante et un carcan oppressant selon un autre point de vue ! Non, il n'aurait pu écrire librement s'il résidait ici en permanence ! Il serait devenu soit aigri soit encore pire, semblable à ceux qui suivaient le Souverain dans sa monotonie !
Tandis que pour maintenir son inspiration alerte, il lui fallait du changement. Bref, il avait trouvé son parfait compromis ! Il essaya quand même de lui faire comprendre :

- Je suis écrivain et je supporte mal la foule. Je reste observateur la plupart du temps...

Quand tu n'es pas le déclencheur lui dit une petite voix. Il la mit de côté et se contenta de rester au milieu du couloir. Il ne savait pas du tout où logeait la Marquise de Valoinseau, il laissa donc le soin au valet de les guider.

Alienor écoutait Racine et nota la vivacité avec laquelle il s'était recrié à propos de sa vie à la cour, elle était intriguée. La vie là n'était pas interressante pour lui ? elle aurait bien aimé savoir pourquoi. Elle allait lui poser des questions quand il lui dit

Citation :

- Je suis écrivain et je supporte mal la foule. Je reste observateur la plupart du temps...

IL s'était arreté elle fit de même et le regarda, il semblait gené, il regrettait peut-être sa franchise

- Vous êtes écrivain ? mais c'est merveilleux, je lis beaucoup ! je vous envie !!

Elle lui sourit

- Continuons voulez-vous ? je comprends si vous êtes écrivains que la vie superficielle que l'on nène dans une cour doit vous pesez. Il vous faut être libre.
Mais quel vivier que tous ces courtisans, n'est-ce pas ? ça doit être un régal pour un observateur. Tous ses gens qui se cotoient, qui veulent obtenir quelque chose du Roi, qui se jalousent. Cela doit être très interressant à observer. C'est un peu pour cela que j'ai desiré venir ici, chez moi tout le monde était si prévisible : ne pas contrarier la Duchesse ! ils m'auraient servi de paillasson si je le désirais ! pffff !

Elle s'était animée a fur et à mesure qu'elle parlait, elle avait le rose au joue. Elle revoyait tous ses courtisans qui vivaient dans son duché. Elle les meprisait, ils accepteraient de faire n'importe quoi pourvu que ce soit elle ou son père qui le demandait.

Racine montra un visage surpris lorsqu'elle parla avec tant de conviction... Il était impossible que ce ton soit feint ! Elle montrait un tel intérêt pour sa profession -ce qui soit dit en passant était assez rare à la Cour- qu'il en demeurait bouche bée dans le couloir ! Il finit par avancer alors qu'elle marchait tout en continuant à se dévoiler peu à peu par la parole. Il ajouta lorsqu'elle eut fini :

- Oui comme vous le dites si bien, j'ai besoin de conserver ma liberté, c'est primordial ! Cependant, la Cour regorge de situations intéressantes pour celui qui cherche son inspiration mais ce n'est pas pour cela que je reviens aujourd'hui à Fontainebleau !

Il marqua un temps d'arrêt, savourant le bonheur du travail accompli... Il avait tout écrit, il avait sa comédienne principale et il en était certain, elle serait merveilleuse ! Le reste n'était qu'accessoire. Il reprit :

- D'ailleurs à ce propos, je vais devoir vous laisser, car si je ne m'abuse, vous êtes arrivée à destination.

Le Valet venait, en effet, de frapper à la porte d'un des appartements... Le Dramaturge s'inclina devant la jeune femme et lui fit le baise-main. Il repartit dans le sens contraire près à gagner les quartiers du premier gentilhomme de la Cour. Il se retourna tout de même afin de lancer une dernière parole à la Demoiselle :

- Ici, ne vous inquiétez pas, rien ne sera prévisible ! Et même si cela le devenait, il ne tiendrait qu'à vous de changer la monotonie : Bienvenue à Fontainebleau Duchesse !

Il fit un geste ample et circulaire avec sa main et repartit d'un pas confiant vers son Destin...

La Suite : La Chambre du Comte de Saint-Aignan