Balthier d'Assonville Poete
Nombre de messages : 8 Age : 38 rang : Noblesse d'Épée Date d'inscription : 03/03/2009
| Sujet: De l'origine du doux nom de Venise Ven Mar 13 2009, 15:39 | |
| Balthier d'Assonville se dirigeait à pas assurés vers son bordel préféré : Venise. Il s'était longtemps demandé pourquoi une si jolie ville se retrouvait sur la devanture d'un lieu de débauche et un jour, il s'était entendu poser la question à la patronne (qui se nommait Mariette). Celle-ci n'était pas la première tenancière de l'établissement sus-nommé, si bien que sans savoir réellement le fin mot de cette histoire, elle lui assura que ce devait être pour les nombreux bordels et auberges que comptait Venise. "P't'être bien même que le premier bordel vient de là". Balthier avait failli argumenter sur le coup : les bordels étaient vieux comme le monde, il n'avait pas fallu attendre le Grand siècle pour en trouver dans Paris et pourquoi Venise aurait-elle l'apanage du premier bordel d'abord ? Mais il s'était contenté d'un sourire et s'en était allé retrouver sa putain du moment.
Une autre fois, lorsqu'il parlait à l'une de ces demoiselles, avant de retourner à Fontainebleau, autre lieu de débauche, l'une des poules vint se mêler à la conversation et le nom de l'établissement tomba sur le tapis (de la conversation, non point du Venise) et cette dernière affirma que ce n'était pas du tout étonnant vu que la louve qui avait nourri Remolus et Romus (oui il ne faut pas trop en demander à une prostituée du XVIIe siècle...) ne l'avait non point fait par instinct maternel mais parce qu'elle adorait se faire sucer les mamelles. Or cette louve étant vénitienne comme chacun sait... "C'te p'tite enfiévrée de l'arrière train, elle s'était trouvé deux beaux marmots pour lui faire des douceurs !" D'où le nom, vous avez suivi.
Balthier poussa le lourd battant de l'entrée du bordel qu'il affectionnait. Que ce soit à cause de la Louve ou du premier bordel de Venise, ce nom lui plaisait. Pour sa part, il soutenait que la première matronne avait dû nommer son bordel parce que n'ayant jamais vu Venise et ses bas-fonds, elle se l'imaginait comme ville des plaisirs les plus exotiques. Toujours est-il que le Venise se tenait là, depuis des temps immémoriaux (au moins !), à l'angle de la rue Saint-Jacques.
Il demanda si Sylvia travaillait aujourd'hui et alors que Mariette comptait les pièces qu'il avait fait tomber sur le comptoir (au Venise, on payait d'avance), elle lui répondit qu'il faudrait qu'il se contente d'Adèle aujourd'hui. Il haussa les épaules. S'il fréquentait le Venise, c'était avant tout pour la qualité et la propreté de la chair fraîche. Il appréciait juste un peu plus Sylvia car elle venait d'Italie et l'on savait les moeurs débridées de ces femmes là... D'ailleurs, il faudrait qu'il lui demande d'où venait le nom du bordel, à l'Italienne. C'était après tout la plus indiquée pour éclaircir le mystère.
Dans l'escalier, il croisa un des nombreux marmots des filles. D'ailleurs, personne ne savait à qui était l'un, qui était réellement celle qui avait engendré l'autre. Certains n'étaient que des gamins des rues. On les nourrissait lorsqu'ils se présentaient et on les renvoyait vite dans le ventre de Paris, la seule mère qu'ils avaient vraiment.
- Ôte-toi de mon chemin, moitié d'homme. Je croyais que les imberbes n'avaient pas l'autorisation de monter à l'étage, tu veux que Mariette te chauffe les oreilles ?
Il lui donna une pièce et le gamin déguerpit en lançant un "Merci Monsieur Balthier". Le Venise était un peu sa seconde maison et tout le monde le connaissait. Il entra dans la chambre d'Adèle, qui déjà moitié dévêtue, jouait avec ses fards, devant sa coiffeuse :
- Ma chérie, ne te farde pas, ce n'est vraiment pas la peine...
De toute façon, elle ne ressemblerait plus à rien ensuite. Alors pourquoi s'embêter ? Une heure plus tard, alors qu'il essayait de retrouver un bout de sa chemise (quelle petite sauvage cette Adèle ! Les Françaises valaient bien les Italiennes), il lui demanda, comme souvent, du papier. Il se mettrait bientôt à la coiffeuse et écrirait une lettre à cette mystérieuse femme... Alors qu'il trempait la plume dans l'encre, il demanda, bien malgré lui :
- Au fait, sais-tu d'où vient le nom du bordel ? Parce que quand même "Venise"... Ca m'a toujours étonné... | |
|